Comment es-tu arrivé à Mérignies ? J’ai connu Mérignies avec Swing Ton Handicap [un évènement qui accueille, en les mixant, des enfants en situation de handicap et des élèves classiques pour leur faire découvrir le golf, en invitant des handigolfeurs, sur 2/3 jours, avec une compétition handigolfeurs NDLR]. C’est Françoise Pauquet qui avait monté cet évènement avec les étudiants de la fac des sports où elle travaillait. La première fois on l’avait fait au Sart, puis à Mérignies où c’était plus adapté au regard de l’espace et de la situation en campagne.

Quels souvenirs de Swing Ton Handicap ? Oh… Exceptionnel ! J’étais prof d’EPS, j’amenais mes gamins de SEGPA en binômes avec mes élèves de 4^ème. Il fallait faire un paquet de papiers pour le dossier et que mon projet soit accepté par l’école, mais ça valait vraiment le coup. Ces enfants sont extraordinaires. C’était une expérience exceptionnelle de partage avec toutes les écoles qui sont venues, les handigolfeurs, les étudiants, et l’organisation à Mérignies…

Pour moi au début le golf c’était un sport de privilégiés qui coûtait cher. Mais là, en le faisant découvrir de façon ludique, on montrait que c’était accessible à tous. Et les enfants n’ont pas la notion de l’argent, ils ont juste trouvé cela super, cette journée et la découverte des joueurs handigolf qui malgré un bras ou une jambe en moins avait une forme physique et une envie de performer. Quel beau témoignage de volonté pour des enfants souvent en difficultés, qui avaient devant eux la preuve que quel que soit les accidents de la vie on peut réussir et s’en sortir.

Quelle volonté ! C’est ma nature, je suis comme ça. Et comme j’ai fait des marathons la douleur je connais, et la rage d’aller au bout de soi aussi. J’ai croisé une jeune  fille, plus jeune, qui a eu un cancer en même temps que moi, qui avait peur de tout, de sortir, de bouger. À 30 ans c’est dur de vivre une maladie comme le cancer du sein. Normal. Je l’appelais régulièrement pour la booster car elle n’avait plus de parents et pas d’amis bienveillants comme moi. J’ai eu beaucoup de chance d’être entourée.

Et je remercie Brigitte qui venait me chercher, on jouait aussi avec Fred, et avec les girls le mardi matin. C’était reposant : quand on est malade on n’aime pas en parler et ici à Mérignies, je jouais, je n’en parlais pas.

Le rôle de la nature, dans tout ça ? Ça me ressource et ça me booste ! J’ai vu une magnétiseuse lors de la radiothérapie, et quand elle me « prenait le feu », elle me disait que quand tu entoures un arbre il y a des ondes qui sont bonnes pour toi, tu es avec la nature, et tu profites des bienfaits de cette nature… les arbres, les oiseaux, il n’y a pas de violence, pas d’animosité. Il faut y croire, mais ça me faisait du bien. J’ai de la chance d’habiter à la campagne et pas en ville avec le bruit, la pollution. On est dans un milieu privilégié, ma fille me le répète souvent.

Question classique dans cette rubrique, mais qui peut prendre ici un autre sens : as-tu des objectifs golfiques pour l’année qui vient ? Progresser en golf, mais pas faire que de la compet, me faire plaisir. Et en projet perso, comme je suis à la retraite : essayer de trouver un projet solidaire. Je veux continuer à jouer au golf, tout en étant utile à quelque chose. Je veux trouver un truc qui ne me coince pas, qui me permette de faire les 2. Il faut avoir un projet pour avancer dans la vie.

Ton meilleur souvenir en golf ? (Rires)… je ne peux pas le dire… une partie de rigolade avec les copines… un truc sur le parcours… trop drôle. Mais je ne peux pas le dire, je ne suis pas la seule dans l’histoire, ce serait vexant pour les autres (rires encore…).

Plus sérieusement : avec Swing Ton Handicap, amener des enfants ici, leur émerveillement devant cette découverte, leurs regards devant les démos des handigofleurs et des pros.

C’était fort ! C’était une leçon de vie incroyable : Même s’il nous arrive quelque chose dans la vie, on peut toujours avancer, on peut toujours faire du sport. Pour ces enfants, dont certains en difficulté, c’était le message : avec le « reste » son corps, le « reste » de sa tête, on peut toujours faire quelque chose. Je tire ça aussi de mon expérience de prof.

As-tu des conseils à donner aux golfeurs débutants ? Ne pas vouloir jouer comme les pros. Trouver quelqu’un qui donne le plaisir de jouer. Ne pas vouloir performer dès le début. Il faut jouer cool, ne pas vouloir taper, ne pas croire qu’un bon golfeur tape fort dans la balle. C’est très technique et il ne faut pas vouloir tout faire d’un coup. Un conseil à la fois… le premier : regarde la balle et laisse ta tête sur la balle !

Quel est ton secret ? Je suis quelqu’un qui veut avancer dans la vie, même avec des épreuves importantes, de deuil notamment… soit tu t’écroules et tu tombes dans la déprime, soit tu avances. Même quand on me proposait d’être en arrêt maladie suite à une épreuve, je voulais continuer à travailler, à être active.

As-tu un rêve ? Non, je ne vois pas la vie comme ça… je vis au jour le jour. Je suis bien en ce moment, donc ça va. On verra comment évolue ma santé, mais aujourd’hui ça va !

Ah si… un rêve quand même : j’aimerais m’installer dans le sud-ouest, près de l’océan, mais mes amis sont ici…

Mais au jour le jour, je profite de la vie, je verrai, je profite. Ma maison ne désemplit pas, il y a tout le temps des amis qui passent, j’accueille. Le plus important est de dire à nos proches qu’on les aime, le dire maintenant, après il sera trop tard. Et ne pas attendre la retraite pour faire ce qu’on aime.

Merci beaucoup Sylvie, merci pour cette belle leçon de vie, ta gaieté et ton optimisme contagieux. On te souhaite une bonne fin de rétablissement, et encore plein de belles choses à vivre à travers le golf.

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